« Ces cochers civils ou militaires jouaient déjà un rôle discret, mais essentiel : celui de « conduire » leurs passagers, de les emmener d’un point à un autre, de les accompagner, de leur faire passer des obstacles. » Vincent Lenhart
Au fil de cette série d’articles, nous allons chercher à comprendre ce que peut apporter le cheval dans le coaching. Comment peut-il être le partenaire idéal d’un travail sur soi ? En quoi peut-il se révéler être un réel atout ?
Quels liens avons-nous avec le cheval ?
Symbolique personnelle du cheval
Je vous invite tout d’abord à vous amuser à répondre à cette question :
Quelle image vous vient spontanément à l’esprit à l’évocation du mot « cheval » ?
Certains d’entre vous vont peut-être penser à un cheval majestueux et puissant, révélateur du pouvoir et de la noblesse de son cavalier. Il n’est d’ailleurs pas rare de trouver des peintures d’hommes célèbres ayant délibérément choisis d’être ainsi symbolisés.
D’autres auront peut-être en tête l’image d’un cheval sauvage et fougueux. D’autres auront, quand à eux, le souvenir d’un cheval de travail hors pair ou encore d’un poney adoré au cours de leur tendre enfance.
Qui n’a jamais eu un lien aussi minime soit-il avec un cheval ? Une expérience personnelle de cavalier chevronné ou occasionnel ? Une rencontre plus ou moins heureuse avec ces animaux pouvant dépasser la tonne ? Des films ou des dessins-animés avec des chevaux ? Ou encore nos chers et tendres bambins qui nous réclament une balade à poney ou une séance d’équitation (sans savoir parfois d’où cela leur vient…) ?
Je vous l’accorde, tous les souvenirs liés aux équidés ne sont pas forcément heureux. Mais le but ici est que vous voyez d’ores-et-déjà ce que peut venir réveiller en vous cette question.
Et les possibilités sont infinies car intimement liées à notre environnement, à nos propres croyances ainsi qu’à nos expériences de vie.
La symbolique du cheval représente à lui seul un axe intéressant de travail d’introspection.
Un lien ancien
Allons plus loin.
Le lien entre l’homme et le cheval est historiquement fort. Il est présent bien avant sa domestication comme nous les prouve les peintures rupestres.
Puis le cheval se révèle être un animal domesticable doté d’une endurance et d’une force de traction ayant toute son utilité pour l’homme. Ces qualités sont exploitées autant pour le travail de la terre, que pour se déplacer ou bien se battre ; et cela depuis environ 5000 ans !
Et aujourd’hui ?
En plus d’une équitation française de tradition connue et reconnue à travers le monde, la culture française est particulièrement liée au cheval et à l’équitation. Il est intéressant de se référer aux académies équestres créées au XVIème. Corinne Doucet, professeur et docteur en histoire moderne, rappelle qu’elles avaient pour but « l’apprentissage, la formation et l’éducation de la noblesse »[1].
Mais pourquoi le cheval est-il encore si présent dans nos vies alors qu’il n’est plus aussi employé qu’autrefois car détrôné au cours de la révolution industrielle du XIXème siècle ?
Effectivement le cheval est encore bel et bien présent dans nos vies. Au-delà des centres équestres, des poneys clubs et des spectacles équestres, nous le retrouvons encore dans la gendarmerie montée, dont la garde républicaine, mais aussi au sein de certains lycées (pas forcément agricoles) et certaines écoles.
Pour quelles raisons ces écuries existent-elles toujours ? Voyons donc ce que le cheval peut nous apprendre ! Et pour cela, je vous invite dans mon ancien univers : les armées et leurs écoles.
En 2013, le commandant Baudoin Drion, alors commandant de la section équestre de l’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan[2] explique que chaque officier apprend à monter à cheval dans le cadre de sa formation et précise :
« Parfois dubitatifs lorsqu’ils arrivent, ils repartent convaincus. »[3]
Le cavalier apprend ainsi à « s’imposer avec détermination et souplesse psychologique »[4], à être maître de lui-même en surmontant son stress. D’après le capitaine Kévin Pauchard, officier des sports équestres militaires dans l’armée de Terre en 2018, le travail avec le cheval aurait les mêmes effets qu’une situation de crise permettant de révéler le caractère de la personne, l’amenant à se connaître, à se contrôler, voire à se dépasser[5].
Notons cependant que dans cette approche, les cavaliers continuent à aborder le cheval à travers le prisme de l’équitation, sport et art à la fois, ayant pour but de travailler en harmonie avec sa monture et de performer ensemble.
Spécificité de l’équicoaching
L’équicoaching tire sa particularité par son approche centrée sur l’humain ainsi qu’un travail exclusivement à pied (et non monté). Le cheval accompagne le travail personnel de l’individu, qui n’est alors plus considéré comme un cavalier. Ici, nous ne cherchons pas à effacer la part sauvage du cheval mais ous nous appuyons sur son comportement naturel pour mieux nous comprendre.
L’approche est donc différente en abordant l’homme via son interaction avec le cheval, et non par l’évaluation de sa technique.
L’équicoaching est donc centré sur la personne, le groupe ou l’équipe et a pour but de travailler sur soi afin de dépasser des situations problématiques et d’atteindre des objectifs concrets.
Un travail sur soi guidé par le coach, assisté par le cheval.
Dans le prochain article, je vous expliquerai en quoi le cheval se révèle un médiateur hors pair.
« L’équicoaching : une expérience à vivre et à ressentir, qui vous apportera bien plus que ce que vous imaginez. »
Elodie Serpe, Coach consultant certifié RNCP & Equicoach chez LeadXP
[1] Doucet, C (2003) Les académies équestres et l’éducation de la noblesse (XVIe– XVIIIe siècle), Revue historique, 2003/4 n° 628, p. 817
[2] Anciennement appelée les Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan.
[3] Le Garrec, P. (2013) Pourquoi l’équitation est-elle toujours enseignée à Saint-Cyr ? Ouest-France
[4] Le Garrec, P. (2013) Pourquoi l’équitation est-elle toujours enseignée à Saint-Cyr ? Ouest-France
[5] Pauchard, K. (2018) L’équitation militaire, un outil séculaire répondant aux exigences modernes du cycle de projection des armées, Pensées mili-Terre, pp. 2-3